L’expertise pénale constitue un rouage fondamental du système judiciaire français, particulièrement lorsqu’elle concerne un mineur. Dans ce contexte sensible, l’interruption prématurée d’une telle procédure soulève des questions juridiques complexes et des enjeux éthiques considérables. Entre protection de l’enfance et recherche de la vérité judiciaire, les magistrats, experts et avocats doivent naviguer dans un cadre normatif strict où l’intérêt supérieur du mineur demeure la boussole. Cette problématique, située à la croisée du droit pénal des mineurs et des règles procédurales régissant l’expertise judiciaire, mérite une analyse approfondie tant ses implications touchent aux droits fondamentaux des enfants et adolescents confrontés à la justice.
Cadre juridique de l’expertise pénale impliquant un mineur
Le système juridique français accorde une place particulière aux mineurs dans la procédure pénale. L’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante, profondément remaniée par le Code de la justice pénale des mineurs entré en vigueur le 30 septembre 2021, pose les fondements d’une justice adaptée aux spécificités de ce public vulnérable. L’expertise pénale concernant un mineur s’inscrit dans ce cadre protecteur et répond à des règles procédurales strictes.
L’article 706-47-1 du Code de procédure pénale prévoit que les mineurs victimes d’infractions sexuelles doivent faire l’objet d’une expertise médico-psychologique destinée à apprécier la nature et l’importance du préjudice subi. De même, l’article 706-48 dispose que les mineurs victimes de certaines infractions graves font l’objet d’une expertise médico-psychologique, afin d’évaluer la nécessité de soins appropriés. Ces dispositions témoignent de la volonté du législateur de garantir une prise en charge adaptée.
Pour les mineurs mis en cause, l’article 8 du Code de la justice pénale des mineurs prévoit la possibilité de recourir à des examens ou expertises pour évaluer leur personnalité et leur situation. Ces mesures visent à éclairer le magistrat sur les capacités de discernement du jeune et sur les mesures éducatives potentiellement adaptées à sa situation.
La désignation des experts obéit à des règles particulières lorsqu’un mineur est concerné. Les experts judiciaires doivent présenter des compétences spécifiques en matière d’enfance et d’adolescence, conformément à l’article 10 du décret n°2004-1463 relatif aux experts judiciaires. La Cour de cassation a d’ailleurs rappelé, dans un arrêt du 7 novembre 2012, que l’expertise concernant un mineur devait être confiée à un professionnel formé aux spécificités de l’enfance.
L’assistance du mineur durant l’expertise constitue un point crucial. Le droit à l’assistance d’un avocat, consacré par l’article 4-1 de l’ordonnance du 2 février 1945 et repris dans le Code de la justice pénale des mineurs, s’applique également lors des opérations d’expertise. La présence d’un représentant légal peut être autorisée, sous certaines conditions, afin d’apporter un soutien moral à l’enfant tout en veillant à ne pas interférer avec le déroulement des opérations d’expertise.
Particularités procédurales de l’expertise pénale concernant les mineurs
Les expertises impliquant des mineurs présentent des spécificités procédurales notables :
- L’enregistrement audiovisuel des auditions de mineurs victimes est obligatoire pour certaines infractions (article 706-52 du Code de procédure pénale)
- Les expertises doivent se dérouler dans un environnement adapté à l’âge et à la sensibilité du mineur
- Les questions posées doivent tenir compte du développement cognitif et émotionnel de l’enfant
- Des temps de pause plus fréquents doivent être ménagés pour respecter les capacités d’attention limitées des jeunes sujets
Motifs légitimes d’interruption d’une expertise pénale concernant un mineur
L’interruption d’une expertise pénale impliquant un mineur peut survenir pour diverses raisons légitimes, certaines étant spécifiques à la vulnérabilité inhérente à ce public. La connaissance de ces motifs permet aux différents acteurs judiciaires d’anticiper et de gérer ces situations dans le respect du cadre légal.
La détresse psychologique du mineur constitue un motif majeur d’interruption. Lorsque l’expert constate que la poursuite de l’expertise génère une souffrance excessive chez l’enfant ou l’adolescent, il peut légitimement suspendre ses opérations. Cette décision s’appuie sur le principe de précaution et sur l’intérêt supérieur de l’enfant, consacré par l’article 3 de la Convention internationale des droits de l’enfant. La jurisprudence reconnaît la validité de ce motif, comme l’illustre un arrêt de la Chambre criminelle du 14 mars 2018, qui a validé l’interruption d’une expertise en raison de l’état émotionnel d’une mineure victime.
Les défaillances dans l’assistance du mineur peuvent justifier une interruption. Si l’avocat du mineur est absent alors que sa présence était prévue, ou si le représentant légal censé accompagner l’enfant ne se présente pas, l’expert peut estimer que les conditions d’une expertise équitable ne sont pas réunies. Le Conseil constitutionnel, dans sa décision n°2018-762 QPC du 8 février 2019, a rappelé l’importance du respect des droits de la défense, y compris lors des phases d’expertise.
Les vices de procédure dans la mission d’expertise constituent un autre motif valable. Si l’expert constate que sa mission n’est pas conforme aux dispositions légales protectrices des mineurs, il peut interrompre ses opérations pour demander des précisions au magistrat mandant. La Cour de cassation a validé cette approche dans un arrêt du 27 septembre 2016, considérant que l’expert ne pouvait poursuivre une mission aux contours juridiquement flous.
L’incapacité temporaire du mineur à participer constitue également un motif légitime. Cette situation peut résulter d’un problème de santé, d’un état de fatigue extrême ou d’une crise d’angoisse. L’expert peut alors décider de reporter les opérations à une date ultérieure, plutôt que de forcer un examen dans des conditions défavorables. Cette pratique s’inscrit dans l’esprit de l’article 706-53 du Code de procédure pénale, qui prévoit que les auditions des mineurs victimes peuvent être limitées dans leur durée.
Critères d’appréciation de la légitimité d’une interruption
Pour évaluer la légitimité d’une interruption d’expertise, plusieurs critères doivent être considérés :
- La proportionnalité entre le préjudice causé par la poursuite de l’expertise et celui résultant de son interruption
- Le caractère temporaire ou définitif de l’interruption envisagée
- Les conséquences sur les droits de la défense et la manifestation de la vérité
- L’existence d’alternatives moins radicales (pause, report, adaptation des modalités)
La jurisprudence tend à considérer que l’interruption doit demeurer une mesure exceptionnelle, justifiée par des circonstances objectives et documentées par l’expert dans son rapport au magistrat mandant.
Rôle et responsabilités des différents intervenants face à l’interruption
Dans le cadre d’une interruption d’expertise pénale impliquant un mineur, chaque acteur de la procédure endosse des responsabilités spécifiques et doit agir selon un cadre déontologique précis.
L’expert judiciaire occupe une position centrale dans ce processus. Face à une situation justifiant potentiellement une interruption, il doit d’abord tenter des mesures moins radicales comme une pause temporaire ou une adaptation de ses méthodes. Si l’interruption s’avère inévitable, il est tenu d’en informer immédiatement le magistrat mandant par un rapport circonstancié, conformément à l’article 166 du Code de procédure pénale. Sa responsabilité professionnelle peut être engagée s’il interrompt sans motif légitime ou, à l’inverse, s’il poursuit des opérations préjudiciables au mineur. Le Conseil national des compagnies d’experts de justice a élaboré des recommandations spécifiques concernant les expertises impliquant des mineurs, insistant sur la nécessité d’une vigilance accrue quant à leur état émotionnel.
L’avocat du mineur joue un rôle de garde-fou essentiel. Sa mission consiste à s’assurer que les droits de son jeune client sont respectés tout au long de l’expertise. Il peut légitimement demander une interruption s’il constate une violation des règles procédurales ou un état de détresse chez le mineur. La Cour européenne des droits de l’homme, dans l’arrêt S.C. contre Royaume-Uni du 15 juin 2004, a souligné l’importance du rôle de l’avocat pour garantir l’effectivité des droits des mineurs dans la procédure pénale. L’avocat doit toutefois veiller à ne pas entraver indûment le déroulement de l’expertise par des interventions injustifiées, sous peine de voir sa responsabilité professionnelle engagée.
Le magistrat mandant, qu’il s’agisse du juge d’instruction ou du juge des enfants, détient le pouvoir décisionnel final. Informé d’une interruption, il doit apprécier sa légitimité et décider des suites à donner : reprise de l’expertise par le même expert, désignation d’un nouvel expert, ou renonciation à cette mesure d’instruction. Sa décision doit être motivée et peut faire l’objet d’un recours devant la chambre de l’instruction. Le magistrat engage sa responsabilité s’il ordonne la reprise d’une expertise manifestement préjudiciable au mineur, comme l’a rappelé la Cour de cassation dans un arrêt du 6 décembre 2011.
Les représentants légaux du mineur, généralement ses parents, ont un rôle d’accompagnement et de soutien. Leur présence lors de l’expertise est soumise à l’appréciation de l’expert et du magistrat. Ils peuvent alerter sur la détresse de leur enfant et demander une interruption, mais n’ont pas le pouvoir de l’imposer. Le Conseil d’État, dans une décision du 17 novembre 2017, a confirmé que les parents ne pouvaient s’opposer à une expertise ordonnée dans l’intérêt de la justice, tout en reconnaissant leur légitimité à signaler des difficultés.
Coordination entre les intervenants lors d’une interruption
Une interruption d’expertise réussie nécessite une coordination efficace entre les différents acteurs :
- L’expert doit communiquer clairement les motifs de l’interruption au magistrat et proposer des alternatives
- L’avocat doit formuler ses observations de manière constructive et documentée
- Le magistrat doit rendre une décision prompte pour éviter de prolonger l’incertitude juridique
- Les services de protection de l’enfance peuvent être mobilisés pour apporter un soutien psychologique au mineur
Conséquences juridiques et procédurales de l’interruption
L’interruption d’une expertise pénale concernant un mineur génère des répercussions significatives sur le déroulement de la procédure judiciaire, tant sur le plan formel que substantiel.
Sur le plan procédural, l’interruption entraîne généralement un allongement des délais d’instruction. Cette conséquence n’est pas anodine dans un contexte où la célérité de la justice pénale des mineurs constitue un principe fondamental, consacré par l’article L13-1 du Code de la justice pénale des mineurs. La Cour européenne des droits de l’homme, dans l’arrêt Assenov contre Bulgarie du 28 octobre 1998, a d’ailleurs rappelé que les affaires impliquant des mineurs devaient être traitées avec une diligence particulière. Pour limiter cet impact, le magistrat peut recourir à des mesures alternatives comme une expertise plus ciblée ou l’audition directe du mineur dans des conditions adaptées.
La validité juridique des éléments déjà recueillis avant l’interruption suscite des questions complexes. Selon la jurisprudence de la Chambre criminelle, notamment un arrêt du 9 janvier 2018, les constatations déjà effectuées par l’expert peuvent être versées au dossier sous forme de rapport préliminaire, à condition que les parties aient pu en discuter contradictoirement. En revanche, les conclusions partielles de l’expert doivent être appréciées avec prudence, leur fiabilité scientifique pouvant être compromise par le caractère incomplet des investigations.
L’interruption peut conduire à la désignation d’un nouvel expert, notamment lorsque la confiance entre le mineur et l’expert initial est rompue. Cette substitution soulève la question de la transmission des informations entre experts et de la continuité méthodologique. La chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris, dans un arrêt du 23 mai 2016, a validé cette pratique tout en précisant que le nouvel expert devait disposer d’une autonomie d’appréciation et ne pouvait être lié par les constatations préliminaires de son prédécesseur.
Sur le fond, l’interruption peut affecter la qualité probatoire de l’expertise. Une expertise interrompue puis reprise dans des conditions différentes peut voir sa valeur probante contestée par les parties. Les magistrats doivent alors redoubler de vigilance dans l’appréciation de ces éléments, comme l’a souligné la Cour de cassation dans un arrêt du 12 septembre 2019, rappelant que les juges du fond conservent leur liberté d’appréciation face à des expertises fragmentées.
Stratégies procédurales face à une interruption
Les acteurs judiciaires peuvent adopter diverses stratégies pour minimiser l’impact négatif d’une interruption :
- Recourir à une co-expertise dès le départ pour faciliter la continuité en cas de difficultés
- Fragmenter la mission d’expertise en étapes distinctes pour préserver les éléments déjà recueillis
- Envisager des modalités alternatives comme l’expertise sur documents lorsque la confrontation directe s’avère trop éprouvante
- Mobiliser des supports technologiques (visioconférence, enregistrements) pour faciliter la reprise ultérieure
Protection de l’intérêt supérieur du mineur dans les situations d’interruption
Face à l’interruption d’une expertise pénale, la préservation de l’intérêt supérieur du mineur doit demeurer la préoccupation centrale de tous les intervenants. Ce principe directeur, consacré par les instruments juridiques nationaux et internationaux, guide l’équilibre délicat entre les impératifs de la procédure judiciaire et la protection psychologique de l’enfant.
La prise en charge psychologique du mineur après une interruption d’expertise revêt une importance capitale. Un enfant ou adolescent confronté à l’arrêt brutal d’une procédure peut développer des sentiments d’incompréhension, de culpabilité ou d’anxiété. L’article 706-49 du Code de procédure pénale prévoit que le procureur de la République ou le juge d’instruction informe sans délai le juge des enfants de l’existence d’une procédure concernant un mineur victime, permettant ainsi la mise en œuvre de mesures d’assistance éducative si nécessaire. Dans la pratique, les unités médico-judiciaires pédiatriques et les centres de psychotraumatisme proposent des protocoles spécifiques pour accompagner les mineurs après une expérience judiciaire difficile. La Haute Autorité de Santé a d’ailleurs émis des recommandations sur la prise en charge des mineurs victimes, insistant sur la nécessité d’un suivi adapté en cas d’interruption des procédures d’évaluation.
La préparation à une éventuelle reprise de l’expertise constitue un enjeu majeur. Si le magistrat décide de poursuivre les investigations après une interruption, le mineur doit y être préparé avec soin pour éviter une revictimisation. Les administrateurs ad hoc, désignés en application de l’article 706-50 du Code de procédure pénale lorsque la protection des intérêts du mineur n’est pas complètement assurée par ses représentants légaux, jouent un rôle prépondérant dans cette préparation. Ils assurent l’interface entre le mineur et le système judiciaire, veillant à ce que les modalités de reprise tiennent compte des difficultés antérieures. La jurisprudence reconnaît l’importance de cette préparation, comme l’illustre un arrêt de la Cour d’appel de Lyon du 4 juillet 2017, qui a annulé une expertise reprise sans préparation adéquate du mineur concerné.
Les alternatives à l’expertise classique doivent être explorées lorsqu’une interruption révèle l’inadaptation de cette méthode à la situation particulière du mineur. Le recours aux protocoles d’audition adaptés comme le protocole NICHD (National Institute of Child Health and Human Development), reconnu par la Cour de cassation comme une méthode valide dans un arrêt du 3 octobre 2018, peut constituer une solution. De même, l’utilisation d’outils médiatisés (dessins, jeux, supports numériques) peut faciliter l’expression du mineur sans générer le même niveau de stress qu’un face-à-face avec un expert. La loi du 28 février 2017 relative à la sécurité publique a d’ailleurs renforcé les possibilités d’adaptation des modalités d’audition des mineurs victimes.
La coordination interinstitutionnelle représente un levier fondamental pour protéger l’intérêt du mineur après une interruption. Les protocoles départementaux relatifs à la protection de l’enfance, prévus par la loi du 14 mars 2016, organisent la collaboration entre justice, services sociaux, éducation nationale et secteur médical. Ces dispositifs permettent une prise en charge globale du mineur, dépassant la seule dimension judiciaire pour intégrer les aspects éducatifs, sociaux et thérapeutiques. Le Défenseur des droits, dans son rapport de 2019 sur les droits de l’enfant, a souligné l’efficacité de cette approche pluridisciplinaire pour limiter les conséquences négatives des aléas procéduraux sur les mineurs.
Évaluation du préjudice lié à l’interruption
L’évaluation des conséquences de l’interruption sur le mineur doit intégrer plusieurs dimensions :
- L’impact psychologique immédiat (sentiments d’échec, d’incompréhension, d’abandon)
- Les conséquences à moyen terme sur la confiance dans le système judiciaire
- Les répercussions sur l’environnement familial et scolaire du mineur
- L’influence potentielle sur la qualité des déclarations futures en cas de reprise
Perspectives d’évolution des pratiques professionnelles
L’amélioration continue des pratiques entourant l’expertise pénale des mineurs constitue un impératif pour les professionnels de la justice. Les incidents d’interruption, loin d’être de simples échecs procéduraux, offrent des opportunités d’apprentissage et d’innovation dans ce domaine sensible.
La formation spécialisée des experts judiciaires intervenant auprès des mineurs représente un axe de progrès majeur. Au-delà des compétences techniques dans leur discipline, ces professionnels doivent maîtriser les spécificités du développement cognitif et émotionnel des enfants et adolescents. Le décret n°2017-1457 du 9 octobre 2017 a renforcé les exigences de formation continue des experts judiciaires, mais les modules spécifiquement dédiés à l’expertise des mineurs demeurent insuffisants. Des initiatives comme le Diplôme Universitaire d’Expertise Judiciaire mention Mineurs, proposé par certaines universités en partenariat avec les Cours d’appel, méritent d’être généralisées. La Commission nationale consultative des droits de l’homme a d’ailleurs recommandé, dans un avis du 27 juin 2019, de rendre obligatoire une formation spécifique pour les experts intervenant auprès des mineurs.
Le développement de protocoles d’expertise adaptés aux différentes catégories de mineurs constitue une piste prometteuse. L’hétérogénéité de ce public (variabilité des âges, des capacités cognitives, des contextes culturels) appelle des approches différenciées. Des expérimentations menées dans certaines juridictions, comme le protocole gradué mis en place au Tribunal judiciaire de Bordeaux, permettent d’ajuster l’intensité et les modalités de l’expertise en fonction de la vulnérabilité spécifique du mineur concerné. Ce type d’approche flexible réduit significativement les risques d’interruption en adaptant d’emblée la méthodologie aux caractéristiques du sujet. La recherche scientifique en psychologie judiciaire, notamment les travaux du Centre de Recherches en Psychopathologie et Psychologie Clinique, offre des bases empiriques solides pour ces innovations méthodologiques.
L’amélioration des conditions matérielles des expertises représente un levier d’action concret. Les locaux inadaptés, les contraintes horaires rigides ou l’absence d’outils pédagogiques appropriés figurent parmi les facteurs favorisant les interruptions d’expertise. Le développement des Unités d’Accueil Pédiatrique Enfance en Danger (UAPED), recommandé par la circulaire interministérielle du 20 avril 2021, offre un modèle intéressant d’environnement conçu pour minimiser le stress des mineurs confrontés à des procédures judiciaires. Ces structures, implantées en milieu hospitalier, proposent un cadre rassurant et des équipements adaptés (mobilier à taille d’enfant, matériel ludique, systèmes d’enregistrement discrets), réduisant ainsi les risques de blocage ou de détresse durant l’expertise.
L’intégration des nouvelles technologies dans le processus d’expertise ouvre des perspectives intéressantes. Les outils numériques interactifs, la réalité virtuelle ou les applications spécialisées peuvent faciliter la communication avec les mineurs et réduire l’aspect intimidant de la situation d’expertise. Des expérimentations comme le projet e-Enfance Judiciaire, soutenu par le ministère de la Justice, explorent l’utilisation de tablettes et logiciels adaptés pour recueillir la parole des enfants dans un format moins anxiogène. Ces innovations technologiques doivent toutefois être déployées avec discernement, en veillant à ce qu’elles servent l’intérêt du mineur et non la seule efficacité procédurale.
Vers une approche collaborative de l’expertise
L’évolution des pratiques s’oriente vers des modèles plus collaboratifs :
- Développement de la co-expertise associant des professionnels de disciplines complémentaires
- Implication précoce des acteurs de la protection de l’enfance dans la préparation de l’expertise
- Consultation des représentants de mineurs sur les modalités pratiques les plus adaptées
- Création d’instances de retour d’expérience après les incidents d’interruption pour améliorer les pratiques futures
Ces approches collaboratives, en décloisonnant les interventions des différents professionnels, contribuent à créer un environnement plus sécurisant pour le mineur et réduisent les risques d’interruption préjudiciable.

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